Résumé
Les orgues à bouche sont des instruments tout à fait fascinants par leur facture, leur histoire et leurs caractéristiques sonores. Ils n’en demeurent pas moins fort méconnus en Occident, à moins d’être féru de musiques traditionnelles asiatiques ou bien d’être un amateur éclairé de musique contemporaine, car voilà maintenant plusieurs décennies qu’ils sont sortis du giron des musiques traditionnelles pour se prêter à des expérimentations musicales portées par quelques artistes virtuoses soucieux de faire (re)découvrir ces instruments.
— François-Xavier Féron et Liao Lin-Ni
En chinois, le sheng s’écrit 笙. Ce caractère est composé de deux sinogrammes: 竹 qui signifie «bambou» et 生 qui signifie «naissance». Si la matière première de l’orgue à bouche venait à changer, l’instrument ne serait plus ce qu’il est. Cet instrument renvoie au concept philosophique 和 (he) qui signifie «harmonie». En se situant entre le ciel et la terre, le musicien doit être le vecteur de cette harmonie. Cette quête devrait d’ailleurs être au cœur des relations entre chaque être humain et la nature.
— Wu Wei, dans son entretien avec Liao Lin-Ni
Although we are speaking of chords [of shō], the pipes do not actually make multiple sounds at once; rather, they gradually make layers or clusters of sound. To use Tamami Tōno’s words, the sound invades space just like a cloud gradually invades the sky. The chords are unstable and sometimes sound very different from the Western chords. The interval of an octave is not precisely twice a cycle, and this approximate notation is irrational. Each breath makes a complex, uncontrolled harmony or timbre.
— Seiko Suzuki et Mikako Mizuno