Dans cette nouvelle série de dessins, Paysages humains, Silvana Gallinotti s’interroge sur la place de l’individu dans l’organisation politique du monde. Elle fait écho, à travers son art, à la réflexion philosophique de Hannah Arendt dans Qu’est-ce que la politique?: «La politique organise d’emblée des êtres absolument différents en considérant leur égalité relative et en faisant abstraction de leur diversité relative». En effet, ayant vécu sous la dictature en Argentine, Silvana Gallinotti a tout particulièrement à cœur de redonner corps à l’individu dans sa singularité, sa liberté et son indépendance. Incarnant un droit fondamental d’«être», les personnages de Paysages humains se détachent de la masse floue et informe de la foule anonyme et silencieuse. Si la politique au service des idéologies broie l’humain, Gallinotti tente de démontrer ici, dans sa démarche artistique, que la sublimation de l’individualité est aussi un acte politique, mais un acte politique au service de l’humain.
Née en 1973 à Buenos Aires et diplômée de l’école des Beaux Arts de Buenos Aires, Silvana Gallinotti vit et travaille en France depuis 1999. Elle a participé à des expositions collectives et individuelles en Argentine et en France. Son intérêt pour le travail interdisciplinaire a mené à des collaborations avec d’autres plasticiens, de même qu’avec des musiciens et des danseuses.
Le dessin s’impose à elle au fil du temps comme moyen d’expression, telle une carcasse, une structure limpide. La femme et le corps féminin sont les thématiques centrales de son travail. Le corps comme enveloppe de l’identité intangible et non comme carapace, fruit du culte de l’apparence. L’image se décompose, se dédouble, se déforme et se superpose, créant ainsi des superficies animées par des enveloppes charnelles.
Dans Paysages humains, Silvana Gallinotti trouve à nouveau l’occasion d’approfondir le thème majeur de sa recherche artistique: le corps féminin. Encre, fusain, graphite, superpositions de collages et de graphiques géométriques, subtiles combinaisons de noir et de couleurs y mettent en lumière, et comme en transparence, ses lignes et ses courbes légères.
— Texte préparé par Hélène Raymond
Les œuvres reproduites dans les pages de ce numéro ont été photographiées par Sergio Santamaría Borges.

Rasguña las piedras, 2018. Technique mixte sur toile, 38 x 46 cm.
Photo: Sergio Santamaría Borges

Prófugos, 2018. Technique mixte sur toile 32,5 x 41 cm.
Photo: Sergio Santamaría Borges

Sans titre, 2018. Technique mixte sur toile, 20 x 20 cm.
Photo: Sergio Santamaría Borges

Imágenes Paganas, 2018. Technique mixte sur toile, 38 x 46 cm.
Photo: Sergio Santamaría Borges

Entre caníbales, 2018. Technique mixte sur toile, 38 x 46 cm
Photo: Sergio Santamaría Borges

Pasajera en trance, 2018. Technique mixte sur toile, 38 x 46 cm
Photo: Sergio Santamaría Borges

Ciudad de la furia, 2018. Technique mixte sur toile, 45,5 x 55 cm.
Photo: Sergio Santamaría Borges

Dulce condena, 2018. Technique mixte sur toile, 32,5 x 41 cm.
Photo: Sergio Santamaría Borges

Lo que sangra, 2018. Technique mixte sur toile, 32,5 x 41 cm.
Photo: Sergio Santamaría Borges