Collection > Volume 21 Numéro 3 (2011) > Cahier d’analyse >
Aborder la modernité
Triptyque et Lignes et points de Pierre Mercure
Brian
Cherney
Résumé
Les deux œuvres pour orchestre Triptyque (1959) et Lignes et points (1964) illustrent les
diverses façons qu’avait Pierre Mercure d’aborder l’héritage du modernisme musical. Un des traits
fondamentaux de la musique d’allégeance moderniste — et une préoccupation qui relie les
compositeurs des premières décennies du XXe siècle (Bartók, Stravinsky, Berg, Hindemith,
Honnegger, etc.) avec ceux qui relèvent de l’avant-garde musicale de l’après-guerre — se trouve
dans un souci de symétrie. Pour sa part, Mercure emploie des formes symétriques pour structurer les
deux œuvres étudiées dans cet article à divers niveaux. Dans Triptyque, la surface de la musique
reste tout à fait traditionnelle, alors que plusieurs aspects de sa structure (un peu cachés)
relèvent d’une sensibilité résolument moderniste. Dans Lignes et points, au contraire, la surface
de la musique, les sons, les couleurs et les textures sont empreints d’un caractère moderne, voire
avant-gardiste, alors que sa structure pour ainsi dire «souterraine» se résume à un thème et
variations de confection tout à fait classique (bien que cette forme ne s’entende pas
nécessairement comme telle). D’autres aspects de ces deux œuvres révèlent l’influence sur Mercure
de ses contemporains, tels que Karlheinz Stockhausen, Earle Brown et John Cage, dont Mercure a
entendu les œuvres lors de la Semaine internationale de musique actuelle (SIMA) qu’il a organisée
en 1961.
Mots clés: modernité, Triptyque, Lignes et points, rétrograde, symétrie.
Abstract
Pierre Mercure’s orchestral works Triptyque (1959) and Lignes et points (1964) illustrate
various ways in which the composer grappled with his desire to embrace musical modernity. One of
the fundamental traits of music in a modernist vein—one that unites the preoccupations of composers
of the first decades of the twentieth century (Bartók, Stravinsky, Berg, Hindemith, Honnegger,
etc.) with those of the avant-garde music of the post-war decades—lies in its use of different
forms of symmetry. Mercure too makes use of symmetrical forms to structure the two works studied
here at various levels. In Triptyque, the surface of the music remains completely traditional,
while several somewhat hidden aspects of its structure are manifestations of a resolutely modernist
sensibility. In contrast, in Lignes et points, the surface of the music—the sounds, colours and
textures—are imbued with a thoroughly modern or even avant-garde character, while its
’subterranean’ structure is revealed to be an eminently classical theme and variations (even if it
cannot necessarily be heard as such). Other aspects of these works reveal the influence of
Mercure’s contemporaries like Karlheinz Stockhausen, Earle Brown and John Cage, whose works were
performed at Mercure’s Semaine international de musique actuelle (SIMA) in 1961.
Key words: modernity, Triptyque, Lignes et points, retrograde, symmetry.
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