Collection > Volume 19 Numéro 1 (2009) >
La composition musicale et la marque du genre
L’examen conscient de l’«écriture féminine»
Sophie
Stévance
Résumé
Si les spéculations idéologiques concernant les différences biologiques entre les sexes
persistent dans le domaine de la création, elles ont été mises en valeur dès 1970 par des
écrivaines et plasticiennes pour œuvrer en fonction de mythes spécifiques touchant à leur féminité,
au corps de la femme chargé de stigmates, afin qu’émerge un «art féminin». D’une certaine manière,
des compositrices vont emprunter cette voie en affirmant entretenir un rapport différent de celui
des hommes à l’écriture musicale. Selon elles, leur sensibilité spécifique et leur situation d’être
au monde les poussent à travailler autrement, à partir de thématiques «existentielles» inspirées de
leur condition sociale et culturelle. De telles circonstances ont provoqué cette quête identitaire
par l’invention d’un style artistique particulier qui, paradoxalement, use de ce qui était
considéré par un féminisme radical comme les pièges de la féminité. Cet article tente de montrer
que ces spécificités, du moins ces constantes relevées par les créatrices expliquant leur démarche,
sont le résultat de recherches esthétiques pour caractériser une création universelle au
féminin, et non le produit de diktats biologiques.
Abstract
Although ideological speculations over the biological differences between the sexes continue to
haunt the field of music composition, as early as 1970, women writers and visual artists were
heavily engaged in discussions of myths about femininity and a heavily stigmatized female body.
They did this to promote the emergence of “women’s art.” To some extent, women composers also
embraced this, by affirming that their relationship to composition was much different from their
male counterparts. These essentialist feminists posited that a specifically female sensibility and
place in the world pushed them to work differently—to be rooted in “existential” themes inspired by
their social and cultural condition. These circumstances opened up the question of identity,
through the invention of a particular artistic style that, paradoxically, reclaimed what radical
feminists viewed as women’s pitfalls. This article reveals that essentialist features of women’s
music—at least as women composers defined them—resulted from a desire to delineate the
universally feminine in art, and were not the product of biological dicta.
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